Beau de Loménie : Il n’est personne aujourd’hui, dans les milieux cultivés, qui ne reconnaisse son autorité d’historien, son indépendance et sa verve de polémiste, chroniqueur de notre société contemporaine. Historien, avec ses grands ouvrages : La Carrière Politique de Chateaubriand, la Restauration Manquée, la Mort de la Troisième République, Maurras et son Système, et la série encore inachevée des volumes qu’il a intitulés : « Les Responsabilités des Dynasties Bourgeoises », il a ouvert des vues très neuves sur la structure française et sur le jeu des grandes influences financières qui ont établi leur propre pouvoir sur l’affaiblissement de l’autorité gouvernementale. Journaliste, il a défendu les causes qu’il estimait justes sans se soucier de déplaire aux intérêts souvent puissants qu’il s’exposait à dresser contre lui. L’exemple le plus frappant de cette indépendance insoucieuse des profits, il l’a donné quand, dans les lendemains de la Libération, lui qui n’avait eu aucune attache avec Vichy ni avec la collaboration, il a été le premier et longtemps le seul, dans la presse, à énoncer, en les signant de son nom, des mises au point contre les accusations dont chacun alors, à qui mieux mieux, accablait les vaincus. Cette fois-ci, à nouveau, à propos du drame algérien, il ose dire ce que nul n’ose avouer.