Jack Thieuloy, qui a publié deux épopées vécues, trop fortes pour ne pas être encore sous le boisseau, L’Inde des grands chemins (Gallimard) et la Bible d’Amérique (Grasset), poursuit une œuvre hors du commun, dont la partie visible est cependant moins importante que l’autre. Loi de Dieu est la clef de voûte. Ce chef-d’œuvre, écrit comme la geste de l’employé, en prison, la mère Thieuloy, enceinte du monde, avec son fameux souffle prophétique en diable, a pondu, à mi-vie, et touillé avec la queue de son singe, dans sa cornue d’alchimiste, un personnage, des situations, et perfectionné un style d’une grandeur, d’une authenticité et d’une originalité absolues. Pour la première fois, l’homme est ici tour à tour déconstruit dans son essence, et reconstruit dans une vision neuve, optimiste. Pour Loi de Dieu, notre époque de libération sexuelle fait l’effet de Moyen Âge. L’ère du métissage s’annonce, (pro)création-cannibalisme immortalité, ce trépied, de la mystique thieuloyenne, ici convaincant, fait pourtant — sur notre culture occidentale — l’effet d’une averse extra-planétaire. Thieuloy, notre Mahomet ? Brr !... Hourrah !... Voici, de violence, de tendresse et d’humour, toujours naïf, pur et fougeux, un Thieuloy maternel, émouvant. Verbe qui s’invente et fascine. On ne cessera pas de puiser dans la densité — explosive et fraternelle — de sa sensibilité créatrice. Vous serez pour le moins ses relecteurs. J.L.M.