Pas plus qu’il n’y a de fatalité du progrès auquel les hommes seraient contraints de s’adapter, il ne faut attendre des bouleversements scientifiques et technologiques de notre temps le remède miracle à la crise, aux inégalités, à l’injustice. Et cela, pour une raison essentielle, pour une belle raison : l’homme est au cœur de ces évolutions, il peut être l’acteur premier ou l’acteur dernier, le premier rôle comme le figurant, le réalisateur comme le spectateur. C’est par ces différences de position, et par la réalité et la finalité de sa maîtrise, que la technologie n’est neutre ni dans sa conception, ni dans ses effets. Mais les modifications considérables qu’elle entraîne, tant au niveau du rapport entre les hommes et la machine, qu’entre les hommes et la production, ou entre les hommes eux-mêmes, ne sont finalement que le reflet d’une image de ses espoirs et de ses paris, l’image de ses victoires, de sa libération. C’est pourquoi, dans ce livre, René Le Guen s’est démarqué des querelles de « spécialistes », pour adopter une démarche permettant aux hommes et aux femmes confrontés à ces transformations, d’en connaître les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels, afin qu’ils s’en saisissent, les maîtrisent et en fassent des leviers de transformations plus profondes dans le travail, dans les modes de vie, pour servir une autre croissance, et construire ensemble, dès maintenant, la société responsable du troisième millénaire.