Le bienheureux Élie se montra au roi, « monta au sommet du Carmel, mit sa tête entre ses genoux », et pria le Seigneur d'envoyer la pluie sur la terre. « Et il dit à son serviteur : Regarde du côté de la mer ». Et le serviteur rapporta qu'il n'avait absolument rien vu. Il lui dit alors : « Va et regarde sept fois ». Or à la septième fois, il rapporta ceci : « Je vois un petit nuage comme le pied d'un homme, qui monte de la mer. Et aussitôt, les nuages obscurcirent le ciel, et il tomba une pluie abondante ».
Élie figurait notre Seigneur le Sauveur. Élie pria et offrit un sacrifice, et le Christ, pour le monde entier, se livra lui-même comme une offrande sans tache. Élie pria sur le mont Carmel et le Christ sur le mont des Oliviers. Élie pria pour la venue de la pluie sur la terre et le Christ pour la descente de la grâce divine dans le coeur des hommes. Ce que dit Élie à son serviteur : « Va et regarde sept fois », annonçait la grâce septiforme du Saint-Esprit qui devait être donnée à l'Église. Et quand ce serviteur dit avoir vu un petit nuage qui montait de la mer, c'était une figure de la chair du Christ qui devait naître sur la mer de ce monde. Voilà pourquoi, afin que nul n'en doute, il dit que cette nuée portait l'empreinte du pied d'un homme, de cet homme assurément qui a dit : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l'homme ? » De même donc qu'à la prière d'Élie, après trois ans et six mois, la pluie descendit du ciel, de même aussi, à l'avènement de notre Seigneur le Sauveur, pendant les trois ans et six mois au cours desquels il a daigné prêcher, la pluie bienfaisante de la parole de Dieu arrosa le monde entier.
CÉSAIRE D'ARLES, Sermon 124, sur saint Élie et la veuve qui ramasse deux morceaux de bois, § 1, dans Élie le prophète d'après les Pères de l'Église d'Orient et d'Occident, Peter Lang. 2024, p. 293-294; trad. J. Courreau, CCSL 103.