La politique, le sida, le football, la réunification allemande, la presse, la guerre, le cinéma, la religion, rien ne lui échappe, rien ne lui est étranger. Poivrot génial, le Captain Cap sait tout, a tout vu et tout fait. Du haut de la butte Montmartre, son royaume à la fois réel et imaginaire, le Captain régente le monde, résoud les problèmes, esquisse les fondements d’une société idéale, invente des cocktails imbuvables et se paye la tête de ses illustres contemporains. En un sens, ce fainéant impénitent, ce poète menteur, incarne notre rêve d’une oisiveté totale et néanmoins créatrice, notre désir d’une convivialité retrouvée, nos appétits de débauche. Le Captain Cap, personnage chéri d’Alphonse Allais, était immortel. Sans le savoir, de Sacha Guitry à Raymond Devos et de Pierre Dac à Pierre Desproges, c’est aussi sa voix que nous entendions. Son retour, en tant que tel, répondait sans doute à un besoin, peut-être à une urgence. En une cinquantaine de tableaux dont l’ambition avouée est de nous faire rire ce sont également nos angoisses qui s’évanouissent.