Dans le vieux langage douanier, le "passe-debout" désignait une autorisation, accordée par le commis de douane pour que des marchandises fussent admises à transiter par quelque ville, sans payer d'octroi. Par extension, le terme peut fort bien s'appliquer au contrebandier lui-même, qui toute sa vie, ou presque, parvient à berner les autorités.
Le passe-debout de ce livre, c'est le plus grand contrebandier pyrénéen du XXe siècle. Il est resté, pendant des années, dans la partie orientale de Pyrénées, en Andorre, en Catalogne, dans le Languedoc, un héros local, l'image ressuscitée du chef de bande qui, autrefois, conduisait sa troupe sur le chemin des cimes. Paul Barberan représente le plus beau survivant d'une espèce disparue : le contrebandier véritable, celui de la tradition, celui qui opérait sur le terrain, dans la nature. Il était - pour les douaniers - le Yéti des montagnes, l'homme des neiges, l'animal légendaire et insaisissable. Son aventure se joue sur la toile de fond des événements de notre époque : guerre civile d'Espagne, Seconde Guerre mondiale, Occupation de la France, Libération, après-guerre. Voilà qui fournit le contrepoint tragique à cette existence aux péripéties cocasses. La guerre ajoute d'ailleurs un article à l'inventaire de sa contrebande : les hommes.
« Le Passe-debout », récit recueilli et présenté par Georges Dupont, est une des plus extraordinaires histoires vécues de notre temps, celle d'un personnage truculent, dont la seule loi a été la fraude et la seule morale l'amitié.