Cet ouvrage, qui regroupe deux rapports multigraphiés à diffusion restreinte : « La monnaie mossi, un pouvoir non libératoire de règlement », et « Facteurs et systèmes de production dans la société Mossi d'aujourd'hui : migrations, travail, terre et capital », comporte trois plans de lecture différents.
Au premier plan, descriptif, l'analyse caractérise une société à travers des valeurs quantifiables : démographie, revenus, consommations, temps de travaux, structures foncières, capital technique etc. L'auteur résume son propos dans le concept de « dysfonctionnement ». Clé d'explication de cette société, le « dysfonctionnement » est à la fois effet et cause d'une contradiction interne entre l'importance du pouvoir monétaire détenu par certains (les cadets), et la faiblesse de l'usage social qu'ils en retirent, en particulier l'incapacité à réinvestir - de façon productive - dans la sphère agricole, faute d'accès à la terre, aux épouses, au capital. Asymétrie sociale intérieure et dépendance économique extérieure se trouvent ainsi mutuellement renforcées - l'une par l'autre - dans une relation « non libératoire » du pouvoir monétaire.
Au second plan, on s'arrêtera sur les aspects méthodologiques de l'étude : rythmicité et recoupements de différents jeux de questionnaires, permettant de saisir les phénomènes d'oubli, contre-tests sur échantillons-témoins, approche matricielle des budgets familiaux, qui relativise considérablement la fiction classique d' « unité budgétaire », enveloppe globale indifférenciée soumise au pouvoir de décision d'un agent dominant qualifié de « Chef d'U.B. »
À un troisième plan enfin, le plus important du point de vue méthodologique, le texte ouvre la voie à une approche des « niveaux de décision ». Dans le cadre du groupe AMIRA, l'auteur a essayé de formaliser quelque peu le fruit de ses réflexions, et a écrit - en 1975 - un article de synthèse : « Niveaux de décision et fonctions-objectif en milieu rural africain ».