La vie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, né à Paris en 1732 d’un père horloger, est une succession de péripéties, qui le mènent de l’Espagne à la guerre d’indépendance américaine, en passant par l’exil et l’espionnage. Introduit à la cour de Louis XV en tant qu’horloger, Pierre Caron est nommé professeur de harpe des filles du roi. Ayant reçu de sa femme une terre dont il prend le nom, il est initié aux affaires par le banquier Pâris-Duverney, et s’enrichit rapidement.
En 1764, il fait un voyage à Madrid: parti pour affaires, il y trouve l’inspiration de ses futures comédies espagnoles. Mais en attendant Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro, Beaumarchais s’inspire du drame bourgeois conçu par Diderot pour écrire Eugénie, qui connaît un grand succès en 1767. Sa seconde pièce, Les Deux Amis, est un échec, et inaugure une période agitée. Discrédité à la Cour, il est condamné pour une affaire d’héritage, dans le procès qui l’oppose au légataire de Pâris-Duverney: déchu de ses droits, il est contraint à l’exil en Angleterre.
À son retour, il devient "espion" pour le compte de Louis XV, et se voit confier plusieurs missions à l’étranger. Il revient à l’écriture et au théâtre en 1775, avec Le Barbier de Séville. La pièce, d’abord interdite, plaît au public. Beaumarchais est alors un personnage puissant, tant dans le domaine politique que littéraire: il participe, en 1776, à la guerre d’indépendance en armant les insurgés, et fonde la Société des auteurs dramatiques l’année suivante. Mais sa notoriété ne le dispense pas d’un court séjour en prison pour Le Mariage de Figaro, qui est finalement représentée, après six ans d’interdiction, en 1784; c’est un immense succès, dont Mozart s’inspirera pour ses Noces de Figaro. Lui-même s’aventure avec Salieri du côté de l’opéra, en créant Tarare.
Nommé commissaire de la République après la Révolution, il vit une nouvelle période mouvementée, attaqué de part et d’autre, emprisonné et exilé, mais n’abandonne pas la politique. Il correspond jusqu’à sa mort, en mai 1799, avec Bonaparte. Ironie de l’histoire, quand on y pense: cet homme à la vie si mouvementée aura raté de peu le coup d’État du 18 brumaire.